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LIVRE V


COMMENT LES SOCIÉTÉS SE DISSOLVENT ET MEURENT. CONCLUSIONS : SOCIALISME ET INDIVIDUALISME.


CHAPITRE PREMIER


LA MORT DES SOCIÉTÉS. — CAUSES DE LA DÉCADENCE DES SOCIÉTÉS.

Quand on parle de la mort des sociétés, il faut se garder du préjugé qui consiste à attacher à ce fait de la mort des sociétés une idée de blâme ou de regret. Les historiens et moralistes se croient obligés de déplorer cet événement comme un accident, alors qu’il est un fait normal et inévitable. Ils recherchent dans les institutions et les mœurs d’une société les raisons qui ont amené sa décadence ou sa ruine. Ils se lamentent, ils accusent, ils anathématisent rétrospectivement telle institution, tel système politique ou social. C’est là une philosophie de l’histoire enfantine. Car ces doléances s’inspirent de cette illusion, issue du plus plat optimisme qu’une société devrait normalement durer sans limites à moins d’accident, de fautes ou de maladresses. — Autant vaudrait s’étonner et s’indigner de la mort d’un individu.

La vérité est que la Mort est, pour les sociétés comme