Page:Palante - Précis de sociologie, 1901.djvu/71

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

même le communisme seront approuvables quand ils développeront l’effort, comme dans un ordre de Trappistes défricheurs, ou dans un essaim de pionniers. Mais dès que la contrainte aura pour but de restreindre, la réglementation de modérer, le communisme de supprimer, le résultat sera mauvais. L’expansion est le besoin même de la monade-âme et le travail est la grande loi de l’humanité… Les peuples en qui une quantité suffisante d’amour maintient la concorde se hiérarchiseront suivant leur énergie, c’est-à-dire toujours ou presque toujours dans nos sociétés occidentales par la prédominance de la synergie sur la coaction[1]. »

Il faut se garder de confondre cette synergie, cette solidarité indépendante, active et libre, essentiellement respectueuse de l’Individu, avec cette solidarité grégaire, passive et moutonnière, — essentiellement tyrannique et oppressive des individualités, — qui constitue l’âme mobile et instable des foules et plus encore la mentalité rabougrie et encroûtée de nos corps constitués et de nos administrations.

La Sociologie montrera de plus en plus la vanité sociale des prétentions administratives comme des appels aristocratiques à la Force. « Que chacun dans sa sphère, dit M. H. Mazel, porte sa propre action à son maximum d’intensité, et le bien social jaillira sans qu’il soit besoin de pressoirs financiers, ni de chevauchées nobiliaires. »

Il ne faut pas d’ailleurs attendre d’un principe social quel qu’il soit le Paradis sur la terre. La lutte sur le terrain social restera, quoi qu’on fasse, éternelle. Lutte des cercles sociaux antagonistes ; lutte aussi de l’Individu contre son milieu social pour le dépasser et s’en

  1. H. Mazel, La Synergie sociale, p. 340. Remarquons qu’un Ordre trappiste n’est peut-être pas un bon exemple de libre synergie ; car là, la Règle est tout et l’Individu n’est rien.