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fut guéri par Proscris, fille de Pandion (2). Dans le temps qu’il subissait le traitement, il avait auprès de lui un joli garçon nommé Tauros, dont Pasiphaë fut éprise. Quand elle eût un fils, Minos, supputant la durée de sa maladie, sentit que cet enfant ne lui appartenait pas, parce qu’il n’avait pu voir alors Pasiphaë, et il se douta bien que c’était le fils de Tauros (3). Il ne voulut pas le faire mourir, parce qu’on le croyait frère de ses propres enfants ; mais il le relégua dans la montagne pour aller servir les pâtres. Minos sut que l’enfant ne voulait pas se soumettre aux ordres des bouviers et ordonna aux habitants de la ville d’aller le prendre, de le lui amener libre, s’il consentait à les suivre de bonne grace, et chargé de chaînes, s’il faisait résistance. Le jeune homme informé de ces projets se retira dans les montagnes où il pourvoyait à sa subsistance en enlevant les troupeaux. Minos ayant envoyé une autre troupe plus nombreuse pour s’emparer de lui, il creusa un fossé profond dans lequel il se retira. Tant que le fils de Tauros s’y tint, Minos lui envoyait les malfaiteurs dont il s’emparait pour qu’il les punît. Un jour donc qu’il avait pris Thésée, dans un combat, il le lui envoya aussi, dans l’espoir que le jeune Tauros le mettrait à mort, mais Ariane le sachant, avait eu soin de faire placer dans la prison de Thésée, une épée avec laquelle celui-ci tua Minos Tauros (le Minotaure).

(1) Diodore de Sicile (liv. IV, chap. 77, p. 218-219, tom. 3, édit. de Deux-Ponts), Apollodore (biblioth. liv. III, chap. l, p. 109-1 10, édit. de Heyne 1803, in-8o), Hyginus (fable XL, p. 102-103 des Mythogr. lat. de Van Staveren, in-4o), et Servius, (comment. sur l’Enéide, liv. VI, vers. 14, p. 348, tom. 6 du virgile de Lemaire) racontent cette fable de la même manière.