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De sorte que les Thébains disaient souvent : « L’Argienne Sphinx nous attrappe toujours avec les énigmes qu’elle nous prépare et personne ne peut jamais les deviner. » Cadmus fit proclamer qu’il donnerait une belle récompense à celui qui le délivrerait de Sphinx. Œdipe, de Corinthe, homme plein de courage et qui avait un excellent cheval, se faisant accompagner de quelques Thébains, se dirigea vers la montagne, pendant la nuit, et tua Sphinx. Tels sont les faits qui ont donné lieu à la fable (n).

(1) Les amateurs d’antiquités qui seraient curieux de comparer les nombreux passages des poètes et des prosateurs qui ont parlé de Sphinx, en trouveront l’indication dans les notes de Mycillus et de Muncker (sur la fable 67 d’Hyginus, p. 136 des Mythogr. latins de Van Staveren) ; dans l’édition in-4o des Phéniciennes d’Euripide, par Valckenaer (note sur le v. 50, p. 20-21) et dans les notes de Heyne sur Apollodore (tom. 2, p. 600 et suiv.) Nous nous bornerons à signaler ici quelques variantes sur la forme qu’on attribuait à ce monstre. Le Scholiaste de Sophocle (sur le v. 391 de l’Œdipe-Roi, où Sophocle lui-même appelle Sphinx La Chienne, p. 54 de l’édit. de Wunder) en donne une description qui s’accorde avec celle de Paléphate ; mais Apollodore (liv. III, chap. 5, § 7, p. 124-125, Heyne, 1803) et le Scholiaste d’Euripide (45e scholie des phéniciennes, p. 608 de l’édition de Valckenaer) lui attribuent le corps et la queue d’un lion. Diodore de Sicile dit simplement que c’était un monstre biforme (liv. IV, chap. 64, p. 185, tom. 3, édit. de Deux-Ponts) ; Hyginus ne la décrit en aucune façon et se borne à l’appeler fille de Typhon. (P. 136, édit. de Van Staveren). Corneille et Voltaire dans leurs tragédies d’Œdipe en ont fait :

          Un monstre à voix humaine, aigle, femme et lion.

(2) Le Scholiaste d’Euripide, dans l’endroit déjà cité, rapporte une autre explication de la fable de Sphinx. C’était, dit-il, une prophétesse de Thèbes dont les oracles étaient si obscurs que les