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sur ces parages avec six vaisseaux et une petite troupe, à cause des chevaux de Laomédon, détruisit Ilion et rendit ses rues désertes. » (Iliad. V, v. 635-642.)

Ovide qui, malgré son étonnante fécondité, voulait sans doute éviter de reproduire dans la description de l’exposition d’Hésione et du combat d’Hercule contre le monstre marin, les images qu’il avait si heureusement employées à peindre Andromède exposée au même péril et délivrée par Persée, résume très-succinctement toute l’histoire de Laomédon au liv. XI des Métamorphoses (v. 194 220). Valerius-Flaccus n’a pas craint de lutter contre ce dangereux rival, et il a fait de l’exploit d’Hercule, le sujet d’un de ses épisodes les plus heureusement détaillés (Argonautic. lib. II, v. 441-519). Dans Valerins-Flaccus, c’est Hésione elle-même qui, répondant aux questions d’Hercule, et soupçonnant à sa haute stature et à ses formes athlétiques, qu’il pouvait être le héros destiné à faire cesser les fléaux dont gémissaient les Troyens, lui apprend que son père a juré de donner les chevaux blancs à celui qui la délivrerait. Tout-à-coup le monstre manifeste son approche en soulevant les flots, qui sont agités comme dans la plus violente tempête. Hercule épuise en vain son carquois pour le combattre, la nuée de flèches qu’il lance contre lui ne l’ébranle pas plus qu’une montagne battue par l’orage. Hercule alors rejette son carquois, s’élance sur le rocher, en détache un énorme quartier dont il écrase la tête du monstre, puis redoublant les coups de sa noueuse massue, il le replonge tout entier et expirant au fond des mers. Il y a dans ce brillant récit, que je n’ai fait qu’analyser bien succinctement, un luxe parfois surabondant d’images un peu exagérées qui trahit le mauvais goût des poètes de la décadence ; mais, malgré ces défauts, l’élégance continue du style et l’harmonie savante et variée du poète prêtent encore beaucoup de charme à ce long épisode. — Hyginus (fable 89, p. 168-169, et fable 31, p. 89 des Mythographes latins de Van Staveren) est tout-à-fait d’accord avec Apollodore, Diodore, et Valerius-Flaccus.

(1) Cet usage de faire livrer des jeunes filles en tribut a longtemps subsisté chez les Maures, pendant qu’ils ont dominé dans les Espagnes. Alfonse, de la race de Pélage, et qui a même reçu le surnom de Chaste, précisément parce qu’il mit fin à cette cou-