Mais moi, j’ose à mon tour les trouver ridicules,
Et souvent la bêtise a fait des incrédules.
Voilà parler en Sage, & je vous applaudis ;
C’est très bien fait à vous que d’avoir un avis.
Mais, sans nous égarer dans ces hautes matières,
Je sais ce que je dois aux talens, aux lumières,
De ces hommes de bien que vous persécutez.
Ils vous ont donc appris de grandes vérités.
Je ne le croyais pas. Ils ont l’art de détruire,
Mais ils n’élèvent rien, & ce n’est pas instruire.
Quel fruit attendez-vous de leurs vains argumens ?
Je n’en prévois que trop les effets affligeans.
Vous irez sur leurs pas de sophisme en sophisme,
Vous perdre dans la nuit d’un triste pyrrhonisme.
Ah ! renoncez, Madame, à ces perturbateurs ;
Ce sont eux que l’on doit nommer persécuteurs.
Abjurez une erreur qui vous est étrangère,
Et reprenez enfin votre vrai caractère.
Vous avez donc tout dit ? J’admire le bon sens,
Et la solidité de vos raisonnemens.
Dans un très haut éclat votre mérite y brille ;
Mais j’ai pris mon parti. Vous n’aurez point ma fille.
Adieu, Monsieur.
Ah ! Ciel ! Je ne sçais où j’en suis !