Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/106

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
58

Response.

Il y a en France plus de quatre mille maisons nobles, où ladite commodité se pourroit aisement trouuer, et singulierement le long des fleuues, comme tu dirois le long de la riuiere de Loire, le long de la Gironde, de la Garonne, du Lot, du Tar, et presque le long des autres fleuues. Cela n’est point impossible quant à la commodité : ie penserois trouuer bien tost vn lieu commode le long d’vne riuiere.

Demande.

Dy moy donc comment tu pretens orner ton iardin, apres que tu auras acheté la place.

Responce.

En premier lieu, ie marqueray la quadrature de mon iardin, de telle longueur et largeur que i’auiseray estre requise, et feray ladite quadrature en quelque plaine, qui soit enuironnee de montagnes, terriers, ou rochers, deuers le costé du vent de Nord, et du vent d’Ouest, à fin que lesdites montagne, terriers, ou rochers, me seruent és choses que ie te diray cy apres. I’aviseray aussi de situer mon iardin au dessous de quelque source d’eau, sortant desdits rochers, et venant de lieu haut, et ce fait, ie feray madite quadrature : mais quoy qu’il soit, ie veux edifier mon iardin en vn lieu, où il y aye vne pree par dessous, pour sortir aucunesfois dudit iardin en la pree : et ce, pour les causes qui seront desduites cy apres, et ayant ainsi fermé la situation du iardin, ie viendray lors à le diuiser en quatre parties esgales, et pour la separation desdites parties, il y aura vne grande hallee, qui croisera ledit iardin, et aux quatre bouts de ladite croisee, il y aura vn amphitheatre tel que ie te diray cy apres, aux quatre anglets dudit iardin. Il y aura en chacune vn cabinet, qui sont en nombre huit cabinets, et un amphithéâtre, qui seront edifiez au iardin : mais tu dois entendre que tous les huit cabinets seront diuersement estoffez, et de telle inuention, qu’on n’en a encore jamais veu, ni ouy parler. Voila pourquoy, ie veux eriger mon iardin sur le Pseaume cent quatre, là où le Prophete descrit les œuures excellentes, et merueilleuses de Dieu, et en les contemplant, il s’humilie deuant luy, et commande à son ame de louër le Seigneur en toutes ses merueilles. Ie veux aussi edifier ce iardin admirable, à fin de donner occasion aux hommes de se rendre amateurs du cultiuement de la