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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/24

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XVI

die, de Madrid au bois de Boulogne, et surtout le château d’Écouen, où Palissy avait déployé toutes les richesses de son art, pour embellir l’habitation de son protecteur, le connétable de Montmorency[1]. À peu près à la même époque, il travailla à la décoration des jardins du palais des Tuileries, que Catherine de Médicis venait de faire construire[2], et c’est probable-

    délectable. C’est dans ce parc que Gresset composa sa Chartreuse et son épître au père Bougeant.

  1. Le château d’Écouen fut construit au commencement du seizième siècle par l’architecte Jean Bullant. Les sculptures de la chapelle sont de Jean Goujon. De tous les ouvrages dont Palissy avait décoré cette habitation, on n’y voit plus aujourd’hui que le pavé de faïence peinte, à compartiments, de la chapelle et des galeries. On attribuait également à Palissy une marqueterie en faïence, appliquée sur les parois de la Chapelle, représentant les actes des Apôtres, la passion de Jésus-Christ, en seize tableaux réunis en un seul cadre, d’après Albert Dürer, et les vitraux de la galerie, représentant l’histoire de Psyché, d’après les dessins de Raphaël. Ces derniers ont été gravés, et M. Lenoir en a publié la suite, en quarante-cinq estampes, dans le tome vi du Musée des monuments français.
  2. Un terrain assez étendu, situé au delà des fossés du Louvre, et sur lequel était établie une fabrique de tuiles, fut acheté, en 1518, par François Ier, qui le donna à sa mère, Marie-Louise de Savoie.
    En 1564, Catherine de Médicis ne voulant point habiter le Louvre, ni le palais des Tournelles, qui allait être démoli, acheta quelques bâtiments qui avoisinaient les Tuileries, et fit jeter les fondements de cet édifice, dont la première pierre fut posée par Charles IX le 11 janvier 1566. Catherine ne l’habita pas long-temps, car en 1572 elle quitta cette résidence pour l’hôtel de Soissons, qu’elle venait d’acheter.
    On trouve dans un manuscrit de la Bibliothèque royale, intitulé : Despenses de la reyne Catherine de Médicis, plusieurs pièces qui se rapportent à des payements faits dans le cours de l’année 1570, à Bernard, Nicolas et Mathurin Palissys (sic), « pour les ouvrages en terre cuite, esmaillée, qui restent à faire pour achever les quatre ponts (ce mot, difficile à lire dans le manuscrit, laisse quelque incertitude sur la nature des travaux), au pourtour de la grotte encommencée par la Reyne, en son palais, à Paris, suivant le marché fait avec eux, etc. »
    Ce document expliquerait le motif de la résidence de Palissy dans l’enceinte du château, ainsi que le surnom de Bernard des Tuileries, qui a suggéré à quelques biographes la singulière supposition qu’il était gouverneur de ce palais. Palissy avait, sans nul doute, placé son atelier près de la tuilerie déjà établie dans le même lieu, et qui y subsista encore long-temps ; car, suivant les plans manuscrits de l’époque, au commencement du règne de Louis XIV on voyait encore dans les cours du château les chantiers de bois et les fours qui servaient à la fabrication des tuiles et des briques.
    On peut tirer du même document cette autre conséquence, que Bernard Palissy était alors secondé dans ses travaux par deux de ses fils, Nicolas et Mathurin. Cette hypothèse, d’ailleurs si naturelle, permettrait, en outre,