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TRAITÉ

DE L’OR POTABLE.


Theorique.


Q uand tu m’alleguerois toutes les plus belles raisons du monde, si est ce, que tu ne me sçaurois faire mespriser l’alchimie : car ie sçay que plusieurs font de belles choses, et quasi des miracles en la medecine, par le moyen d’icelle, tesmoing l’or potable que les alchimistes ont inuenté : chose de grand poids et digne de louange. Car il fait quasi resusciter les morts : il guarist toutes maladies, il entretient la beauté, il prolonge la vie, et tient l’homme ioyeux : que sçaurois tu contredire à cela ?

Practique.

Et comment es tu encores en ces resueries ? n’as tu point veu vn petit liure que ie fis imprimer durant les premiers troubles, par lequel i’ay suffisamment prouué que l’or ne peut seruir de restaurant, ains plustost de poison[1] ; dont plusieurs docteurs en medecine ayant veu mes raisons furent de mon party : tellement que depuis quelque temps il y a eu vn certain medecin docteur et regent en la faculté de medecine, lequel estant à Paris en la chaire, a confirmé mes propos, les pro-

  1. Ce petit livre est évidemment la Recepte véritable, publiée en 1563, et dans laquelle se trouvent, en effet (de la page 54 à la page 57 de cette édition), la plupart des arguments reproduits ici avec quelque extension. C’est donc à tort que Gobet affirme qu’il n’est pas question d’or potable dans le livre imprimé, en 1563, à La Rochelle. Quant à la conformité qu’il trouve entre cette dissertation et ce qu’on lit à ce sujet dans la Déclaration des abus et ignorances des médecins, qu’il lui attribue, on verra que cette analogie est loin de justifier l’opinion que Palissy soit l’auteur de ce dernier opuscule.