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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/33

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XXV

Cette donnée une fuis admise et représentée par le titre de Cinquième élément, Palissy s’en servait avec habileté pour rendre compte d’une foule de phénomènes de la nature ou des arts. La présence des sels dans la cendre des végétaux, dans l’écorce des arbres, dans les eaux salpêtrées, lui servait à expliquer la théorie du blanchiment, la fabrication du nitre, le tannage des cuirs, l’action des engrais, des fumiers, la pratique de l’écobuage… Ne dirait-on pas que la science a retrouvé hier ces théories lumineuses long-temps égarées, et qu’elle ne fait que les reproduire en les traduisant dans son langage moderne, et en les accordant avec l’expérience des siècles écoulés depuis leur première émission ?

Du reste, ce n’est pas seulement comme théoricien que Palissy doit occuper une place éminente parmi les chimistes de son époque, c’est surtout comme chimiste pratique. Bien qu’il ait émis des idées fort judicieuses sur le développement des espèces minérales au sein de la terre, qu’il assimile aux cristallisations, ce qui le range au nombre des premiers instigateurs de la doctrine du neptunisme, sur la nature des métaux, qui, selon lui, « ne peuvent ni s’accroître ni se multiplier », ce qui les place nécessairement parmi les corps élémentaires, et sur une foule d’autres points importants de théorie, hâtons-nous de dire que l’art lui doit encore plus que la science. *Etranger aux recherches de l’alchimie, qu’il traite avec tant de mépris, il dirige ses études sur des sujets plus sérieux et d’une application plus directe. Il ne fait pas pendant quinze ans des mélanges et des épreuves en aveugle et au hasard ; mais, tandis qu’il affronte une à une et dans toutes les proportions les substances les plus diverses, il pénètre dans tous les détails de la mméralogie, de la géologie, il étudie les pierres, les terres, les sels de toute nature, il constate leurs propriétés, il les range en catégories, et les réunit par des rapports généraux. C’est ainsi qu’il reconnut les propriétés de la soude comme fondant, de l’alun pour fixer les couleurs, la composition des pierres précieuses ; qu’il perfec-