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DE LA MARNE.

uent teindre les marnes en iaune : voila pourquoy il s’en trouue de couleurs diuerses.

Theorique.

Et puis que tu dis que la chaleur de la marne, des fumiers, et de la chaux, n’est pas la cause actionale des vegetations seminales, donne-moy donc à entendre par quelle vertu la marne pourroit actionner ces terres infertilles.

Practique.

Quand ie t’ay dit qu’il ne falloit pas attribuer à la chaleur de la marne la vertu generatiue, ie n’ay pas voulu pour cela destituer totalement la marne de la chaleur : mais i’ay voulu par là destruire la folle opinion de ceux qui veulent attribuer le total à la chaleur : ie dis le total interieurement et exterieurement. L’on sçait bien que le sel est chaud interieurement, et pour ces causes l’on dit qu’il ayde à la generation genitale : et toutesfois en temps de froidures tu trouueras le sel autant froid que de l’eau ou des pierres, il faut conclure donc, que sa chaleur ne peut actionner si elle n’est esmuë par vne contre-chaleur, sçauoir est en ce qui consiste le fait seminal, il faut donc philosopher plus loing et regarder à la cause essentielle, esmouuante et operante en ce fait icy, et l’on trouuera quelque chose de caché que les hommes ne peuuent entendre.

Theorique.

Ie te prie, si tu en as quelque connoissance, ne me faits point languir, mais donne moy clairement à entendre ce que tu en penses.

Practique.

Si tu eusses amplement ouuert les aureilles quand tu lisois le subsequent de ce liure, tu eusses aisement entendu ce qui en est : car ie t’ay dit cy deuant qu’il y auoit vn Element cinquiesme, lequel les Philosophes n’ont iamais conneu ; et ce cinquiesme Element, est vne eau generatiue, claire ou candide, subtile, entremeslée parmi les autres eaux indistinguibles, laquelle eau estant apportée auec les eaux communes, elle s’endurcist et se congele auec les choses qui y sont entremeslées, et tout ainsi que les eaux communes montent en haut par l’attraction du Soleil, soit que ce soit par nuées, exalations ou vapeurs, si est-ce que l’eau seconde la-