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à Rouen et à Lyon, suscita une réponse ayant pour titre : Declaration des abus et ignorances des medecins ; œuvre très-utile et proufitable à un chascun studieux et curieux de sa santé ; composé par Pierre Braillier, marchand apothicaire de Lyon ; in-16. L’épître dédicatoire est datée du 1er janvier 1557.

C’est dans ce dernier pamphlet que Faujas de Saint-Fond et Gobet ont voulu voir le premier ouvrage de Bernard Palissy ; aussi l’ont-ils inséré dans leur édition, précédé d’une dissertation bibliographique dans laquelle leur opinion se fondait sur des conjectures plus ou moins spécieuses, ainsi que sur une certaine conformité entre les caractères, les vignettes du livre intitulé Recepte véritable et les mêmes signes typographiques de la Declaration des abus et ignorances des medecins. Voici, à notre tour, sur quels arguments nous nous appuyons pour émettre une opinion tout à fait contraire.

Commençons par dire que ces expressions de Palissy, « ce mien second livre, » peuvent s’expliquer en ce sens que la Recepte véritable est divisée, dans l’édition originale, non en quatre traités, comme l’ont fait sans raison les éditeurs de 1777, mais en deux parties seulement. La première renferme tout ce qui se rapporte à l’histoire naturelle, à l’agriculture, ainsi que la description du jardin délectable, le tout sans distinction de chapitres ni de paragraphes ; la seconde partie, qui est tout à fait détachée de la première, commence un recto de page et a pour titre : de la ville de forteresse. C’est à la fin de cette seconde partie que se trouve la phrase « si je connois ce mien second livre être approuvé, » etc. Or on sait qu’il n’est pas rare, chez les anciens auteurs, de voir confondre le mot livre avec ceux de chapitre ou de traité. Voilà, ce me semble, l’explication la plus naturelle et la plus simple des expressions de Palissy.

Gobet et Faujas tirent un nouvel argument de ce que dit Palissy, dans ses Discours admirables, au traité des sels (voy. p. 245), ainsi qu’au traité de la marne (p. 225), savoir, que le petit livre qu’il rappelle fut imprimé dès les premiers troubles. Or on sait que les premiers troubles religieux du milieu du seizième siècle ne commencèrent réellement qu’en 1562, au massacre de Vassi, à la surprise d’Orléans par le prince de Condé, et qu’ils se terminèrent en 1563, après la bataille de Dreux.