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chrétiens une pleine liberté pour l’exercice de la religion ; cette liberté va si loin, que jamais les chrétiens ne sont employés au service du roi les dimanches et fêtes, à moins qu’il n’y ait quelque ouvrage urgent et nécessaire à exécuter. Soit dans leurs maisons ou leurs terrains, soit dans l’église ou son enclos, nos chrétiens peuvent chanter, prier, faire des processions et cérémonies quelconques selon leur bon plaisir. Tous les terrains affectés aux églises et aux prêtres sont exempts d’impôts et jouissent même du droit d’asile, de sorte qu’on ne peut mettre la main sur qui que ce soit dans ces lieux, qui sont réputés comme sacrés et inviolables.

Quand il y a quelque cérémonie extraordinaire chez les chrétiens, par exemple la procession de la Fête-Dieu, une foule de païens accourent pour la voir ; on en compte quelquefois plusieurs milliers. On leur permet d’entrer dans l’enceinte extérieure de l’église, mais tous sont obligés de se tenir assis ou accroupis dans une posture décente. Si quelqu’un se tenait debout ou s’avisait de faire quelque plaisanterie, ceux des chrétiens qui sont chargés de faire la police, les chasseraient sans façon à coups de rotin. Il arriva un jour qu’un