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dégouttant d’eau en étaient des marques trop visibles pour lui permettre d’en douter. La ressemblance de leur aventure leur donna à tous deux de l’impatience de s’aborder et de se connaître. La différence des langues y devait être un obstacle ; mais aux premières paroles de l’inconnu, M. Constance, l’entendant parler siamois, lui répondit dans la même langue. Ainsi, ils eurent dans leur malheur la consolation d’en pouvoir parler ; et ils y trouvèrent dans la suite l’un et l’autre quelque chose de plus.

L’inconnu était un ambassadeur que le roi de Siam avait envoyé en Perse, et qui, en s’en retournant dans son pays, avait fait naufrage dans le même lieu où avait échoué M. Constance. Si celui-ci avait été de ceux que le malheur d’autrui console, il avait la consolation de voir un homme plus malheureux que lui ; car l’ambassadeur n’avait sauvé que sa personne de tout ce qu’il avait dans son vaisseau. Parmi les sentiments de pitié qu’un état si triste inspira à M. Constance, il eut la joie de pouvoir, même dans son malheur, secourir un homme malheureux. Il ne lui laissa pas demander le plaisir qu’il pouvait lui faire ; il lui offrit d’abord de le ramener à Siam, et l’ambassadeur avant ac-