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Voici la vie que mènent les talapoins : au chant du coq ils font sonner leur cloche ou battre le tambour, sans doute pour donner le signal aux femmes de cuire le riz. Ils éveillent leurs luksit ou écoliers, et les envoient préparer la barque. Pendant ce temps-là, ils prennent un bain, font leur toilette et vont réciter, en commun, dans le temple, quelques prières en langue bali ; puis ils descendent en barque et vont s’arrêter un instant devant toutes les boutiques ou les maisons où les femmes, prosternées, les mains jointes, les saluent et mettent dans leur marmite une grosse cuillerée de riz, du poisson, des légumes, des fruits et des gâteaux. Quand ils ont fait leur tournée, et que la grosse marmite est pleine, ils reviennent au monastère, mettent de côté ce qu’il leur plaît de garder pour eux, et livrent le reste aux luksit. Après avoir fait leur repas, ils fument, boivent le thé, causent ensemble ou bien vont se promener. Ils reçoivent des visites et des présents presque tout le long du jour. Ils lisent aussi un peu, étudient quelques livres balis ou apprennent à lire et à écrire à leurs écoliers. Mais, pour juger du soin qu’ils y mettent, il suffit de savoir que sur dix de ces luksit, qui passent sept à huit ans à la pagode,