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au moins pour quelque temps. Très-souvent les gens riches, par esprit de dévotion, disent à leurs esclaves Si vous voulez vous faire phra, je vous donne la liberté. Les esclaves, qui ne demandent pas mieux, s’empressent de se conformer aux désirs de leurs maures. À la pleine lune du cinquième mois, c’est la coutume à Siam que les inférieurs lavent leurs supérieurs avec des eaux parfumées. Ce jour-là les phra lavent leur abbé, et le peuple à son tour vient laver les talapoins pour leur exprimer son respect et sa reconnaissance.

Le métier de talapoin est assez lucratif, parce que les femmes surtout aiment à leur faire continuellement des offrandes ; et, pour peu qu’un phra s’adonne à la prédication, il ne tarde pas à acquérir une petite fortune qui le met à même de s’établir fort honnêtement. D’ailleurs ils jouissent de bien des priviléges ; ils sont exempts de toutes corvées, de tout service, ne paient aucun tribut, et ne sont jamais appelés par la cymbale des douanes ; ce dont ils profitent en se procurant, soit pour eux, soit pour leurs parents, toutes sortes de marchandises qui, à la faveur de l’habit jaune, sont exemptes de payer la taxe royale ou les droits de monopole.