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fut avec environ vingt habitants de la Pointe-Lévy ; il fut fort surpris en arrivant à son manoir, d’y voir des Anglais sur le grand chemin, qu’il prit d’abord pour les habitants. Il ne se déconcerta point ; quoiqu’il vît environ quatre cents hommes, il se rallia avec environ quarante hommes, firent feu sur eux et en tuèrent dix sans perdre un seul homme. Il se replia dans les bois, envoya demander des balles et de la poudre ; on lui en envoya en bref ; il fit une petite fusillade et fut obligé de se replier le même jour. Les Anglais qui paraissaient avec toutes leurs forces à l’île d’Orléans n’avaient pas encore mis à la Pointe-Lévy trois mille hommes. M. Charest ne demandait que mille à douze cents hommes pour empêcher leur établissement. Ses demandes réitérées furent nulles.

3 — Il y fut avec environ trente habitants de la Pointe Lévy et le sieur Legris, volontaire, et trente sauvages abénaquis. Ils firent coup ; en tuèrent environ trente. Les sauvages rapportèrent huit chevelures et amenèrent un prisonnier. Les sauvages, par prudence, perdirent quatre hommes en s’en revenant dans le chemin du Roy où il y avait plus de ——— hommes en bataille.

Le même jour, il était décidé dans le Conseil, qu’il partirait la nuit quinze cents hommes pour la Pointe Lévy, mais ce malheureux prisonnier dérangea par sa déposition ce projet dont nous craignions les suites fâcheuses.

Le prisonnier déposa qu’ils avaient environ mille hommes de troupes réglées et que la même nuit ils devaient faire leur descente à Beauport.

Tout le camp ainsi que la ville retourna, en conséquence, au bivouac toute la nuit ; rien ne se trouva si faux.

4 — On s’aperçut d’un grand mouvement dans la flotte, pendant la nuit, et qu’il se fit un grand transport de la Pointe Lévy à l’Isle d’Orléans.

Le sieur Charest proposa en conséquence d’aller à la découverte ; il y fut effectivement la nuit du 4 au 5, avec le sieur Legris et douze habitants ; il en revint le 5, et rapporta que le camp de la Pointe-Lévy, établi entre le moulin et l’église, était presque évacué ; qu’il n’y avait que quelques postes avancés et qu’il pouvait y avoir au plus 800 hommes. Il demanda du monde inutilement, ou la liberté d’en prendre de bonne volonté, on ne voulut point lui en accorder. Pour preuve de sa mission, il prit et apporta avec le sieur Legris, quatre havre-sacs du camp ennemi.

5 — On s’aperçut à la ville que les ennemis faisaient des établissements considérables, malgré le peu de monde qu’ils avaient, et qui