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plus nécessaires qui aient la préférence. Car toute absorption de capital dans une entreprise folle, en supprime d’utiles.

Quant à la liberté du commerce, à celle de la navigation du St. Laurent, je les souhaite et les appuie de tous mes vœux. Disciple dès ma première jeunesse de l’école d’Adam Smith, et de tout temps ennemi de tout monopole et privilège, politique ou commercial, je ne veux pas qu’une industrie ou une classe de citoyens soit surchargée au profit d’autres classes et d’autres industries. L’impôt ne doit être que le minimum de ce qu’il faut recevoir de tous et chaque citoyen, proportionnellement à sa fortune et à ses consommations, pour fournir aux justes dépenses d’un gouvernement économe et strictement surveillé.

J’ai parlé des réformes constitutionnelles avec plus de détail et d’ardeur que des améliorations matérielles, parce qu’elles sont d’un ordre plus élevé, parce qu’il faut de libres institutions politiques, éminemment protectrices de la propriété de chacun, pour faire aimer le travail qui moralise et enrichit les nations et leur donne les moyens de multiplier ces améliorations matérielles, comme le prouve leur développement prodigieusement rapide chez nos actifs et industrieux voisins ; parce que d’autres enfin, ne vous en entretiennent pas assez ; parce que les améliorations matérielles sont d’ailleurs à l’ordre du jour, qu’il n’y a nul désaccord quant à convenir de leur puissante efficacité à promouvoir le bien-être des sociétés qui les facilitent.

Enfin je terminerai par m’entretenir avec vous d’un sujet qui ne le cède en importance à pas un de ceux qui ont déjà été traités, celui de l’éducation populaire la plus générale possible. Dans l’état avancé de la civilisation moderne, le prêtre, le juge et le maître d’école, sont les fonctionnaires qui contribuent le mieux, le plus et à moins de frais, au maintien de l’ordre dans la société, qui de jour en jour, à mesure que l’instruction est plus répandue, est plus aisément gouvernée par la raison, plus difficilement gouvernée par la force brutale, par la force armée. Plus vous payerez de maîtres d’écoles, moins vous payerez d’hommes de police et de soldats, et dans le civil, vous aurez des fonctionnaires plus éclairés et moins payés, à mesure qu’il y en aura un plus grand nombre que l’instruction aura qualifiés. La compétition réduira les salaires. Les gouvernemens à bon marché ne peuvent se trouver que là où il y a beaucoup de bons maîtres d’écoles. Il n’y a pas d’argent mieux employé qu’à cette utile dépense, en vue de s’en épargner beaucoup d’inutiles.

Vous ne doutez pas qu’un riche qui voit un pauvre souffrant de la faim, ne soit obligé de lui donner la nourriture qui calmera sa souffrance. Mais l’esprit a ses besoins comme le