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riages précoces donnent des familles nombreuses ; les besoins de celles-ci stimulent au travail et à l’économie, donnent la vie et la force au besoin d’être loué de soi et de son curé, de quelques autres encore, et avant tout de la femme, des enfants et des voisins. Les intempérants ne le seraient point.

Des familles nombreuses, vertueuses, polies, hospitalières, de cultivateurs intelligents comme l’ont été la plupart de nos ancêtres, peuvent se multiplier rapidement, si nous retenons par une combinaison aussi patriotique que celle que nous organisons aujourd’hui, les quelques milliers de jeunes Canadiens, qui chaque année s’expatrient, dont un petit nombre revient meilleur, beaucoup gâtés et dont le plus grand nombre ne revient pas. Notre association qui n’est pas constituée dans un but politique, mais dans un but de justice pour nos compatriotes, trop long-temps exhérédés de leur quote-part du sol, dans le pays de leur naissance, profitera mieux à tous ceux qui viendront s’établir au sein d’une société plus riche et plus morale, que s’ils venaient s’établir au sein d’une société appauvrie et justement mécontente, si l’administration gênait par ignorance ou par mauvais vouloir, le développement le plus libre et le plus accéléré possible de la classe agricole ; dans les pays nouveaux, toujours la plus nombreuse, la meilleure, la plus importante de toute.

Des encouragements donnés pour que les Canadiens français restent chez eux et y prospèrent, ne peuvent être interprétés par aucun homme qui d’avance ne serait pas leur brutal ennemi, comme un acte d’hostilité contre quelqu’autre nationalité que ce soit. Néanmoins le facile accès aux terres profitera à notre nationalité d’une manière plus spéciale et plus étendue.

L’émigration européenne n’est qu’une petite proportion composée d’agriculteurs. Les villes et villages, le commerce, l’armée et la marine,