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le grand nombre d’illustrations canadiennes qu’il avait formées, le collège des Jésuites, nous eût été dérobé. Un gouvernement, banqueroute à ses devoirs envers nous, n’a pu payer pour loger ses soldats. Il a trouvé plus économique de chasser les enfants du sol, de l’enceinte où, depuis plus de cent ans, leurs pères avaient été formés à l’exercice de toutes les vertus, et instruits à bien servir la patrie canadienne, dans tous les états, depuis la noble profession de simples cultivateurs jusqu’aux charges importantes de gouverneurs particuliers et de gouverneurs généraux. Les Longueil, plusieurs fois gouverneurs particuliers dans le Canada, et gouverneurs généraux de la Louisiane, avaient étudié dans ce collège. Ce d’Iberville, l’un d’eux, dont les exploits sont si brillants que, s’ils n’avaient eu lieu dans des temps récents, où le pyrrhonisme de l’histoire est impossible, ses faits d’armes paraîtraient impossibles et fabuleux, lui qui, dans une après-dînée, emporte trois vaisseaux anglais, chacun d’eux plus puissant que le sien en grandeur, force d’équipage et nombre de canons, et qui n’aborde et n’enlève le dernier que pour voir à l’instant même le sien s’enfoncer et disparaître dans les flots de la mer, pour briller à jamais dans ceux de la gloire et dans les fastes du Canada. Lui qui a porté l’honneur et la terreur du nom canadien dans toute l’étendue de l’Amérique du Nord, depuis les glaces de son pôle jusqu’aux feux de son tropique, par la crainte que commande l’héroïsme dans les combats et par l’illustration que confère le génie des découvertes dans les plus périlleuses et les plus habiles navigations : il avait étudié dans ce col-