Page:Papineau - Discours à l'assemblée du marché Bonsecours, paru dans Le Canadien, du 21 avril au 8 mai 1848.djvu/36

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vernement français le rebâtit à la prière des colons et des gouverneurs qui voyaient que cette maison, un des plus anciens et des plus forts appuis de notre nationalité, s’abîmait de dettes ; que ses membres manquaient du nécessaire ; manquaient quelques fois d’une nourriture assez abondante ; et cela pour soutenir un pensionnat qu’en grande partie il nourrissait à ses dépends ; donnant une instruction gratuite pour procurer de bon prêtres à la religion et de grands citoyens à la patrie.

À cette époque de débilité, de pénurie et d’effroi, chaque année, était remise en question la solution de ce problème, si décourageant pour nos ancêtres : laisserons-nous une postérité sur ce sol, déjà détrempé par le sang d’un si grand nombre de nos frères ; y établirons-nous une nationalité canadienne, ou sera-t-elle exterminée au mois de mai prochain, à la descente des glaces et des Iroquois.

Si nous étions restés dans la belle France, se disaient-ils, ce si doux mois de mai serait pour beaucoup d’entre nous, le retour des fleurs, des fêtes, de plaisirs purs et sans crainte ; il va être peut-être la fête des morts et des tortures les plus lancinantes. Ils s’affaiblissaient, tout découragés.

La voix du prêtre les appelant au temple leur criait : préparez-vous au passage, si Dieu le veut, d’un monde de terreurs, de périls, de péché, de misère et de mort, en celui de toute pureté, d’amour sans bornes et sans fin, de vie éternelle, et d’éternelle félicité.

S’il vous laisse vivre, c’est dans le but de votre sanctification, non dans celui de votre perdition ; et vous perdrez vos âmes, si vous êtes parjures. Vous avez promis à Dieu, à l’Église et à