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Les spectateurs attendirent la fin de ce drame avec une anxiété poignante.

En apercevant le caïman, le Parisien s’était arrêté.

Le nègre avait suivi l’exemple. Et tous deux, avec un sang-froid effrayant, attendaient le monstre, n’ayant pour armes que les jambes du noyé.

La position était affreuse et insoutenable.

Tout à coup, le caïman disparut. Le Parisien et Williams s’élancèrent pour prendre la fuite, car si brave que l’on puisse être, une lutte dans la mer avec un caïman n’est pas très engageante.

— Parbleu, ne bougez pas, mes amis, leur cria Bernard qui arrivait, restez immobiles et laissez-moi faire.

Et Bernard, le canadien, plongea à son tour et disparut dans les flots.

Cinq à six secondes s’écoulèrent, puis l’on vit l’eau se tacher de sang.

Bientôt apparut Bernard ayant à l’épaule une morsure affreuse et en même temps l’on aperçut une forme gigantesque s’en aller à la dérive.

C’était le caïman.

On hissa les trois amis sur le Batavia et on leur donna toutes sortes de bons soins.

Bernard s’était évanoui.

Il avait perdu beaucoup de sang.

— Bien, murmura le médecin du bord, un brave