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XX


La journée est somptueuse. Les couleurs chantent dans la lumière. Tout reluit. Tout vibre. Tout respire la vie.

Dans l’âme de Faubert tout est noir. Une révolution s’est opérée en lui. Ce qu’il y avait de bon est disparu. Une haine de l’humanité l’envahit ; une haine féroce. En côtoyant les passants. des envies lui viennent de les gifler. Sombre, il marche par les rues, les lèvres sèches, avec dans ses yeux gris, une lueur mauvaise. Ses dents se serrent les unes contre les autres, ses mains se crispent.

Réagir ? Il ne le peut plus. Cet amour qu’il a pu étouffer une fois, le consume ; cette femme qu’il a pu ignorer, il la porte dans le sang, comme on dit chez le peuple

Les yeux noirs sont là, devant lui, toujours. Son parfum le suit partout ; il l’enivre, il l’affole.