Page:Paquin - Jules Faubert, le roi du papier, 1923.djvu/33

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parce qu’il le fallait. Oui il fallait que cet homme soit le maître de ses destinées. Elle n’avait eu qu’à le revoir, qu’à l’entendre, qu’à sentir peser sur elle le poids de son regard, pour qu’immédiatement, elle devienne son esclave, que sa vie soit intimement enchaînée à la sienne… pour toujours…

Comme elle ne répond rien, il lui saisit les poignets, et, la figure exsangue, la voix blanche, demande :

— Cet autre ?

— Vous ne le connaissez pas.

Par pudeur pour son secret, elle ment ; elle ne veut pas qu’il sache. Elle éloigne tout ce qui pourrait conduire à le deviner.

Lui, serre les poignets… convulsivement.

— Laissez-moi, vous me faites mal.

Méprisante, elle le toise. Les doigts crispés se desserrent, et les mains fines qu’il tenait, s’échappent de l’étreinte.

D’une voix où percent les sanglots :

— Dites-moi que ce n’est pas vrai ce que vous venez de m’apprendre. Vous m’aimez encore, Pauline. Dites-moi que vous m’aimez encore.

— Mon pauvre Henri, je voudrais bien vous aimer, mais je ne le puis pas… Je serai pour vous une amie, la plus sincère…

— Oui… la phrase classique, toujours la même… « Je serai une sœur ». Vous brisez la vie d’un homme, et quand, à cause de vous, par vous,