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Page:Paquin - Jules Faubert, le roi du papier, 1923.djvu/92

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larmes qui voudraient y perler. Personne ne se doute que d’être proclamée, tacitement la reine de la société, si elle n’avait un but, ne lui occasionnerait pas cette volupté qu’elle y trouve.

Et ce but qu’elle poursuit qu’est-il donc ?

Pourquoi cette rage, pourrait-on dire, de se montrer partout, d’être de toutes les conférences et les concerts, de toutes les réunions et de tous les thés, d’y dépenser tant d’énergie et tant de patience à s’y montrer gaie, aimable, spirituelle si ce n’est dans l’espérance bien problématique de Le rencontrer ou à défaut quelqu’un de son entourage qui lui irait dire toute l’admiration qu’elle commande.

Pourquoi cette avidité de plaire ? cette fureur d’adulation sinon pour exciter un peu, dans le cœur de Faubert, cette jalousie qui le révélerait à lui-même.

Élégante et belle, avec cela inaccessible malgré ce qu’ils peuvent offrir en retour, n’est-ce pas suffisant pour flatter l’amour propre — souvent premier facteur de l’amour pur et simple — de l’être le plus difficile, cet être fut-il l’orgueilleux Faubert ?

Pour ne pas perdre son temps tout à fait, elle passe ses avant-midi, à la maison, à lire le plus qu’elle peut.

Elle se renseigne. Le livre nouveau lui devient vite familier, et aussi d’autres, sérieux, sévères. Elle se tient au courant du mouvement intellectuel contemporain ; elle s’initie graduellement aux