Page:Paquin - Jules Faubert, le roi du papier, 1923.djvu/94

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Ce son de voix le fait tressaillir. Il lève les yeux vers elle. Que peut signifier cette démarche ? C’est le grand problème de l’instant.

Correct, grave, en homme d’affaire qui va traiter d’affaires, il lui indique un siège, et s’enfonce lui-même dans sa chaise à bascule.

Elle relève tranquillement sa voilette, et les grands yeux noirs se fixent sur lui, comme si définitivement, elle voulait graver en sa tête, les traits aimés.

M. Faubert, je suis venu parler d’affaires, oui… C’est au financier que je m’adresse.

Pendant qu’elle parle, il la contemple, malgré lui. Tout lui plaît jusqu’aux détails les plus minimes de la toilette, parfaite de goût discret, et qui laisse deviner les lignes pures. Un sentiment d’admiration s’empare de lui, qui, en agissant d’abord sur son cerveau, met en branle ses facultés sensitives. Il éprouve à contempler cette femme quelque chose d’imprécis, d’indéfinissable, un bien être vague qui fait trouver du bonheur au fait seul de sa présence. Et cela se reflète sur ses traits, quand subitement par un soubresaut d’orgueil qui se cabre, un masque de froideur distante et dédaigneuse remplace l’expression extatique de tantôt.

Elle a vu le manège ; elle l’a compris. Aussi froide que lui, aussi calme en apparence, elle explique le but de sa visite. On lui a dit qu’il formait une compagnie pour l’exploitation du bois de papier : elle voudrait s’y intéresser. Elle a confiance que l’entreprise sous sa direction va prospérer… etc.