Page:Paquin - La colonie Canadienne-Française de Chicago, 1893.djvu/79

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
79

élevée et a grandie dans un milieu toujours inondé d’harmonie.

Que l’on demande aux canadiens-français de Bourbonnais s’ils ont connu le Dr. LeTourneux ? Tous répondront que sa maison était le rendez-vous de la jeunesse, de l’âge mur et de la vieillesse ; qu’ils ne se rassassiaient jamais d’entendre dans la plaine de Kankakee les sublimes chants de la patrie absente.

Aux grandes fêtes, le Dr. LeTourneux et sa famille faisaient tous les frais de la partie musicale.

Lorsqu’ils vinrent s’établir à Chicago, ils inauguraient la grande musique classique, et les modestes voûtes des églises Saint-Louis et Notre-Dame retentirent des magnifiques accents de sa mélodieuse voix de ténor.

Jetons maintenant un coup-d’œil sur l’individualité de ce digne compatriote.

Le Dr. LeTourneux est né à Montréal le 20 octobre 1822.

Après avoir terminé son cours classique au collège de Saint-Hyacinthe et s’être initié à la science médicale à l’Université McGill, il est admis à la pratique en 1846. Il alla immédiatement débuter dans sa profession à l’Assomption où il demeura trois ans.

En 1849, il vint se fixer à Chicago. À cette époque, la métropole de l’Ouest n’offrait guère d’avantages à un médecin canadien, vu que nos nationaux y étaient peu nombreux et menaient une vie presque nomade.

Comme Bourbonnais Grove, à 55 milles de Chicago, est un centre établi par un groupe des nôtres, il crut que la Providence l’y appelait parcequ’il pouvait leur être plus utile. Dans cette localité, en effet, nos nationaux étaient plus nombreux et se trouvaient presque tous propriétaires. Il y consacra 18 ans au service de l’humanité souffrante et de la religion. Il figura à la tête de cette héroïque phalange qui a opposé une victorieuse résistance aux assauts de l’apostat Chiniquy contre la foi catholique.

En 1856, il était nommé maître de poste de Bourbonnais, charge qu’il occupa jusqu’en 1870. Alors il revint à Chicago.

En 1875, sa vie active fut soudainement interrompue par une paralysie qui le tint confiné dans sa maison jusqu’à sa mort. Ce pénible événement pour sa famille eut lieu en 1875.