46 LA VIE CANADIENNE selle Bernier n’a pas de ces maniérismes : “elle chante sa vie et vit son chant", et c’est par cela que ses vers nous gagnent et nous charment. Nous que l’impuissance condamne à aimer, à être heureux ou à souffrir sans savoir exprimer les mouvements secrets de notre âme, nous avons l’impression d’avoir rencontré un peu. comme la Samaritaine, une Voix qui sait dire tout ce que nous avons confusément ressenti. Je n’hésite pas à dire que Mlle Bernicr. chez les auteurs féminins de notre république des lettres, est celle qui sait le mieux exprimer l’âme contemporaine avec ses aspirations les plus légitimes et les plus ardentes avec ses inquiétudes, ses hésitations, sa foi un tantinet vacillante, ses déboires, sa philosophie peut-être pas sublime, mais qui nous fait accepter la vie pour ce qu’elle a de bon. en dépit de ce qu’elle a évidemment de décevant. Mademoiselle Bernier ne quémande ni notre admiration ni nos paroles consolantes ni, encore moins notre pitié. Elle sait que la rançon des bonheurs même les plus légitimes. même les plus innocents, est et sera toujours, hélas ! une somme au moins quadruple de tristesse et de chagrin. Elle sait que l’on est puni d’avoir été heureux au point de nous faire croire que c’est un crime d’avoir voulu l’être. Mademoiselle Bernier sait tout cela, mais comme le dit admirablement son préfacier : "De ses confidences s’exhalent une fantaisie subtile où le sourire croise le soupir, une tendresse largement ouverte, une fermeté stoïque aussi qui s’obstine vers un idéal trompeur." Son idéal est trompeur, elle ne le sait que trop et son obstination n’en est que plus belle, et nous livre encore mieux la grandeur de son âme. Sans avoir la résignation veule des coeurs faibles, elle accepte la rançon de ses joies avec un beau fatalisme. C’est avec une ingénuité à la Verlaine, qu’en s’adressant à Dieu elle dit : "Quand vous découvrirez mon orgueil balafré Et ma tendresse auprès, portant mainte [écorchure. Pour les frapper, Seigneur, ayez la main [moins sûre." (Page 127) Je parlais de son fatalisme : "Que m’importe, pourvu que loin du familier Je puisse un peu souffrir avant de m’ennuyer, Et tromper un désir que rien n’a rassasié. 11 faut que d’autres yeux m’aiment ou me ( haïssent. Il faut que d’autres coeurs fidèles me trahissent. Et que ma lèvre boive à de nouveaux calices." (Page 37) Gin Canadien Croix fhir La boisson la plus saine Fabriqué à Berthierville, Qué., wu» la surveillance du Gouvernement fédéral, rectifié quatre fois et vieilli en entrepôt pendant des années. Trois frindeur» de flacon» : Gros : 40 onces $3.65 Moyens : 26 onces 2.65 Petits : 10 onces 1.10 Distillerie : Barthiervilla, Qu*. DISTILLATEURS DEPUIS Bureau chef : Montréal IBM WELCHERS Distilleries Limited
