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.’8 LA VIE CANADIENNE Après avoir félicité l’auteur sans phrases contournées, mais sincèrement, pour une oeuvre qui ne peut passer inaperçue même dans notre léthargique pays, je relirai les paroles de Don Claude Frollo regardant une mouche voleter vers la fenêtre de sa cellule que le soleil inonde, et où dort une araignée. “Oh ! oui, elle vole, elle est joyeuse, elle vient de naître ; elle cherche la liberté :

oh ! oui. mais qu’elle se heurte à la

rosace fatale, l’araignée en sort, l’araignée hideuse !... Pauvre mouche prédestinée !... Claude, tu es la mouche aussi ! Tu volais à la science, à la lumière, au soleil, tu n’avais souci que d’arriver au grand air. au grand jour de la vérité éternelle : mais en te précipitant vers la lucarne éblouissante qui donne sur l’autre monde, sur le monde de la clarté, de l’intelligence et de la science, Mouche aveugle ! tu n’as pas vu cette subtile toile d’araignée tendue par le destin entre la lumière et toi, tu t’y es jeté à corps perdu, misérable fou, et maintenant, tu te débats, la tête brisée et les ailes arrachées, entre les antennes de la fatalité !...” (V. Hugo). N’est-ce pas un peu de tout cela qu’est faite notre souffrance contemporaine ? N’est-ce pas un peu tout cela que Mademoiselle Bernier s’est chargée d’exprimer pour nous tous, les souffrants enfermés dans notre mutisme impuissant ?...