Page:Paquin - Le mirage, 1930.djvu/56

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54 LA VIE CANADIENNE Je ne sais plus... Brise, laisse-moi te le dire, A quoi bon caresser mon front ? Tu ne peux calmer mon délire Et tes baisers rien ne me font. . . Je ne sais plus même sourire À ton frôlement vagabond ! Brise, laisse-moi te le dire, A quoi bon caresser mon front ? Quand tout près de vos nids je passe, Petits oiseaux, pourquoi chanter ? Votre voix dont j’aimais la grâce Maintenant ne fait qu’attrister Mon coeur lourd, mon âme trop lasse. . . Je ne sais plus vous écouter. . . Quand tout près de vos nids je passe, Petits oiseaux, pourquoi chanter ? Quand je rêve sur le rivage, Vague, pourquoi venir à moi ? Ton clapotis, ton vert mirage, Non, ne me causent pas d’effroi, Mais je suis une enfant sauvage Qui ne sait plus jouer pour toi. . . Quand je rêve sur le rivage, Vague, pourquoi venir à moi ? Pourquoi, ma montagne fidèle, M’appelles-tu là-haut encor ? Tu sais bien que je n’ai plus d’aile, Pour monter, prendre mon essor... Je ne sais plus aimer, ma belle, Tu le vois bien mon coeur est mort. . . Pourquoi donc, montagne fidèle, M’appelles-tu là-haut encor ? Marie MESANGE. Toujours ? Triste ? Mais non, ne sois pas triste ! Tout chante dans les alentours, Et le coeur est un grand artiste Parfois — quand ce n’est pas toujours ! Toutes les beautés se cultivent : Même la joie et les amours, • Et mes serments — tu le sais — vivent •— À ce qu’on dit du moins — toujours ! Le monde encore a de beaux rêves, — En cherchant bien le long des jours — Au fond des coeurs et sur les grèves : Chercher on peut... On peut toujours... Voyons, c’est mai ! Déjà les roses Montrent leurs feuilles de velours : Un poète adore ces choses — Du moins, il les chante toujours. . . Vois ces oiseaux qui ,dans les branches Vocalisent comme des sourds : Ils ont la foi... Ninon, sois franche, N’auraient-ils pas raison — toujours ? Regarde ! Tout le ciel flamboie ! Si tu souffres, loin des secours, Lève ton front : l’amour est joie — — Et peine — oui, mais pas toujours. . . Et si parfois, dans ta détresse, Tu vois voleter des vautours : Garde un sourire en ta tristesse. . . Crois-moi : sourire est bon — toujours ! Antonin PROULX. Bévues littéraires Dans les numéros de novembre et janvier derniers de la Vie Canadienne, nos collaborateurs Gérard LeJeune et F.-J. A. nous ont rappelé quelques bévues littéraires d’auteurs célèbres. Si Ponçon du Terrail a pu amuser avec ses phrases baroques, en voici une fameuse de Paul de Saint-Victor, trouvée dans le Soleil : « D’un oeil il regarde Dieu, et, de l’autre, il écrit.” Ces erreurs n’ont pas échappé au grand Corneille même. En effet, n’est-ce pas dans « Pompée » qu’on lit : « Il en coûta la vie et la tête à Pompée. » Dans le journal républicain « France-Comté », il y a quelques années, on citait de Rome une dépêche annonçant que le dirigeable « Médusa" avait été torpillé par un sousmarin autrichien. L’Autriche a donc des sous-marins aériens ? observe un confrère. Comme les musiciens et les artistes qui courent par les rues en chantant, les écrivains ont parfois en écrivant des distractions assez originales ! C. VRAI