Page:Paquin - Le paria, 1933.djvu/102

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de son petit œil rouge et traversa la rivière en courant.

Il songea qu’il aurait fait bon, une journée semblable de s’en aller, Joseph et lui, faire l’inspection de leurs trappes.

Il secoua la tristesse qui l’envahissait, se pencha en avant, ébranla le traîneau et partit dans la solitude glacée et blanche.

Quand il eût marché quelques instants, il s’arrêta, s’approcha du malade, s’informa. Souffrait-il ? Avait-il froid ?

— J’ai froid, c’t’effrayant.

Il étendit sur lui la peau d’ours qu’il avait apportée, lui recouvrit la figure et retourna à sa pénible tâche, remorquer son fardeau humain.

Il avançait, avançait. Ses larges raquettes se levaient, retombaient, battant la neige, qui, par ses amoncellements, rendait la marche difficile.

Les heures passaient ; les milles s’ajoutaient aux milles.

— Pourvu qu’il fasse beau pour traverser le lac !

Sans souci de la fatigue, il allongeait le pas soutenu par le désir d’arriver assez tôt.