Page:Paquin - Le paria, 1933.djvu/121

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— Pauvre toé, tu sais ben qu’il y a donné ça à petites doses. Il l’a empoisonné lentement, pis, quand y a vu qu’y était ben malade, il l’a charrié chez eux. De même, ça paraissait mieux.

Une étincelle tombe dans la mousse desséchée des grands bois ; sournoisement, par en-dessous, elle fait son travail. Un souffle passe, la soulève ; elle va plus loin, embrase une autre étendue. Sûrement, le feu qu’elle communique se propage, gagne du terrain. Bientôt la forêt entière est en flammes.

Ainsi les nouvelles se propagent : les médisances, les mensonges, les calomnies. Ainsi la parole insinuante de Madame Jodoin s’était propagée. Toute la région en devint la proie, comme la forêt celle des flammes.

À force d’en parler, tout le monde crut à la culpabilité de Jacques Bernier.

D’entre les voyageurs, qui, sur le train, partagèrent le même sujet de conversation et jusqu’à l’épuisement, l’un descendait à Durant.

L’étincelle fatale, il la portait en lui, comme d’autres l’emportaient plus loin.

Peu de jours suffirent pour que tout Durant adoptait à son tour l’attitude de Valdaur.