Page:Paquin - Le paria, 1933.djvu/145

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Son regard est un peu plus dur ; le pli qu’il porte au front est gravé plus profondément dans l’espace étroit qui sépare les sourcils ; ses traits sont figés, immuables dans une expression de désabusement.

Il n’attend rien des événements ni des hommes.

D’avoir beaucoup roulé, d’avoir observé, le cycle de ses connaissances s’est agrandi. Il s’est passionné pour la lecture. Fuyant toute société, toute réunion, il a accoutumé de chercher dans les pages d’un livre, la fuite du temps. Ainsi les soirées qui auraient pu être trop longues se sont peuplées d’images, d’observations, de pensées.

S’il a ramassé quelque pécule dans ses pérégrinations ?

Très peu.

Il n’est pas attaché outre mesure à la matière.

L’argent, par sa possession, lui fera-t-il une autre âme ?

Il ne le croit pas, et, cependant, c’est à sa conquête, à la découverte du Pactole ou de la Toison d’Or qu’il se dirige.

À l’arrière de son canot où s’entassaient tente, provisions, carabine, pics, pelles, marteau, voire une enclume, Jacques Bernier, la chemise ouverte sur la poitrine, les manches retroussées au-dessus