Page:Paquin - Le paria, 1933.djvu/186

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dite ; cette Société-là, absolvait Julien Boily, elle le choyait ; elle le regardait de bas en haut comme un être supérieur.

Inconséquence de la Justice humaine !

Dans la rue, l’animation coutumière régnait. Cet incident laissait la foule indifférente.

Le drame était trop banal, pas assez théâtral pour qu’on s’en occupe.

Il regarda passer, évoluer les gens : les avocats se rendant au Palais de Justice défendre contre les leurs, les idées éternelles d’équité ; les hommes d’affaires chez les courtiers, les notaires ou à la Bourse. Plus l’habilité était grande, plus dans les transactions ils lésaient la partie adverse pour en retirer des bénéfices substantiels, plus leur réputation grandissait, plus ils se haussaient dans l’estime de leurs concitoyens.

Il fit un parallèle avec les bêtes chez qui il avait accoutumé de vivre. Seule la nécessité, le besoin de se sustenter, les rendaient féroces. Ils ne déchiraient pas, ne dévoraient pas pour le plaisir, pour l’accaparement du superflu. Leur faim apaisée, la cruauté native s’engourdissait.

Et puis, il n’édictaient pas de lois.