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Page:Paquin - Le paria, 1933.djvu/52

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désirs de s’élever au-dessus de sa condition, de sortir du milieu où s’écoulait sa jeunesse.

Le monde, entrevu dans les livres, ne se résumait plus à cet étroit village de Valdaur. Souventes fois, emporté par son imagination, il s’en évadait, voyait du pays, évoluait parmi des gens autres que ceux côtoyés journellement, dans un décor qui se parait de toute la féerie de son rêve.

Dans cet atmosphère factice qu’il se créait, il oubliait la mesquinerie de la vie qu’on lui faisait et son absence de sympathie et d’amour.

Philibert ne se félicitait plus d’avoir adopté l’orphelin.

Il ne calculait plus les services rendus, mais le pain qu’il mangeait, les vêtements et les livres qu’il coûtait.

S’ils n’avaient pas été aussi lâches, sa femme et lui, — et à de certains moments, ils se reprochaient leur manque de fermeté — ils auraient répondu au curé comme il convenait. En matière d’éducation ils étaient les juges, et les seuls juges.

Mais ils avaient peur de lui déplaire. Ils avaient peur aussi de Jacques. Ce n’était plus un enfant.