L’œil sec, les lèvres dures, il réintégra le logis.
Un sentiment qu’il venait de connaître et d’éprouver, la haine emplissait son cœur.
Le jour suivant, il en connut un autre : le mépris.
L’âme humaine, après lui être apparue dans sa cruauté, lui apparut sous un autre aspect : sa lâcheté.
La foule de ses camarades, qui, la veille encore, le couvrait de moqueries parce qu’il s’était fait le défenseur de l’opprimé, l’entoura, dès son arrivée à l’école, d’une considération où la crainte se mêlait au respect.
Chacun avait reconnu le plus fort, et devant sa force nouvellement constatée, ils rampaient à la façon des chiens couchants qui lèchent la main qui les a battus.
Ils ignoraient la pitié. Mais la force leur en imposait parce qu’ils avaient peur, parce qu’ils étaient des lâches.
Et lui, le fils du Déshonneur, le fils de l’Infamie, sentit monter en son cœur le dégoût profond de ses semblables.