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Page:Paré - Lettres et opuscules, 1899.djvu/177

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et opuscules

couper avec des éclairs de haches luisantes les lourds quartiers de bœuf, et effilaient leurs longs couteaux avec une activité maligne et joyeuse.

Des fleurs partout, à profusion. C’est un effet grotesque de voir toutes ces victuailles saignantes émaillées de roses. Il faut dire que ce sont des roses qu’on rencontre rarement, excepté le jour de Pâques.

Il y en avait des noires, des vertes, d’autres étaient plus nuancées, d’une manière aussi artistique que peu naturelle.

C’est à St-Roch surtout qu’il faut se rendre pour voir le spectacle dans toute son animation.

Durant la semaine, on a pu voir défiler dans les rues de ce quartier toutes les victimes qui paient de leur vie les réjouissances de Pâques.

Les grands bœufs, marqués de roux, s’avancent majestueusement. Ni les cris, ni les claquements des fouets, ne peuvent troubler leur gravité solennelle. À chaque coin de rue, ils s’arrêtent et regardent lentement, semblant dire, en allongeant le cou dans un mugissement :