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Page:Paré - Lettres et opuscules, 1899.djvu/195

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et opuscules

faisant des Chroniques qu’à la condition de vivre mille ans de plus.

Je suis d’avis que plus on élargira les rues, plus les Québecquois les parcourront d’un pas paisible et lent.

Avec cela qu’on risque de faire perdre à notre ville sa physionomie.

Si jamais il vous est arrivé de traverser de Calais au Havre, ou mieux encore de Newhaven à Dieppe, si dilettante et si sceptique que vous soyez, vous n’avez pu voir sans une certaine émotion, apparaître, à travers le brouillard lumineux du matin, les côtes de France. Le souvenir d’un passé lointain et mystérieux s’éveille en nous, tandis qu’on est étonné de la nouveauté du spectacle : de cette campagne si riche et si verte qu’encadre un ciel d’un bleu éclatant, de ces pêcheurs en costumes bretons qui abritent leurs yeux de leurs mains brunies pour voir approcher le navire.

C’est avec un sentiment semblable qu’on voit Québec après avoir traversé les États-Unis. Le temps semble n’avoir qu’effleuré du bout