Aller au contenu

Page:Paré - Lettres et opuscules, 1899.djvu/213

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

207
et opuscules

quent, sans intelligence ni volonté, est bien le type des nobles d’aujourd’hui, pour qui la révolution a été un drame sanglant mais sans conséquence, et qui meurent sans rien comprendre à ce qui se passe autour d’eux, ne voyant dans l’avènement de la démocratie qu’un fait transitoire.

Les comédies d’Augier, de Dumas, et de Sardou, donnent une idée juste de ce que doit être l’art dramatique dans une société cultivée, parvenue à un haut degré de civilisation. Ce n’est plus le gros rire de Molière, et le jeu des passions n’y est ni violent, ni excessif.

Quand les mœurs se sont adoucies, que la culture intellectuelle a donné aux esprits toute la délicatesse dont ils sont capables, les spectacles sanglants et douloureux sont plutôt des sujets de curiosité que d’émotion. Comment un homme de notre siècle, instruit et un peu sceptique, peut-il s’émouvoir en voyant Hamlet que le spectre de son père épouvante ! Il ne peut qu’éprouver un intérêt de curieux à voir la passion grandir et éclater dans l’âme sauvage d’Othello.