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Page:Paré - Lettres et opuscules, 1899.djvu/238

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lettres

gnement afin que les autres villes du Dominion ne se disputent pas, après ma mort, l’honneur de m’avoir vu naître.)

Rarement je n’éprouve un plaisir plus grand que celui de faire une promenade sur la « Grande Allée, » par un chaud matin du printemps. La large rue, bien pavée, encadrée dans le feuillage des arbres d’un vert pâle, nous permet, grâce à son élévation en pente douce, de voir au loin, très au loin, dans la poussière dorée, le mouvement des équipages et l’allure cadencée des détachements de cavalerie dont les armes chatoient au soleil, et qui paraissent à cette distance comme des jouets d’enfants.

Cela ressemble beaucoup à une vue en miniature de l’Avenue des Champs Élysées.

Je crois même que les défauts de Québec me le rendent plus cher. C’est ainsi que les caprices et les coquetteries d’une femme aimée nous la font aimer davantage. Ainsi, notre ville tomberait peut-être dans mon estime, si les chevaux des chars urbains se mettaient à trotter, si on arrosait les rues après quinze jours de sécheresse, et qu’on s’en dispenserait