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Page:Paré - Lettres et opuscules, 1899.djvu/242

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lettres

individu, mis avec soin, et assis à califourchon sur une chaise, qui me regardait d’un air ironique.

« Me reconnaissez-vous ? » me dit ce personnage, en caressant négligemment de la main une longue barbiche fort pointue.

— Du diable si je vous ai jamais vu, lui dis-je, plus surpris que choqué de sa familiarité.

— Vous venez de prononcer mon nom, répondit-il, je suis le diable, ou si vous aimez mieux, le vieux Ned.

Et, comme s’il venait de dire une chose très ordinaire, il prit une cigarette dans un étui d’ivoire, et l’alluma en la passant sur sa langue.

Cette façon infernale d’allumer une cigarette, me convainquit qu’il disait la vérité.

Je ne pus cependant lui cacher la surprise que me causait son apparence, qui n’avait rien de bien diabolique.

Hélas ! me dit-il, ce n’est plus comme jadis. Le métier de diable est devenu un sale métier. Je ne vous conseille pas de vous en mêler. Il faut maintenant se déguiser. Le Moyen Âge, c’était le beau temps. J’étais respecté alors.