réalité sensible. Qu’Ivanhoe, l’Abbé, Quentin Durward aient inspiré nos peintres et sculpteurs, on s’en avise sans peine. Il leur apportait des visions. Que cette archéologie de vitrine ait provoqué un mouvement historique et une renaissance plus considérable que celle des salles à manger Henri II, des vitraux et des panoplies, on en serait surpris davantage, si l’on ne songeait que le caractère national de cette œuvre suscita Augustin Thierry et enflamma Michelet, et qu’à la vérité, le « barde » écossais ne nous apportait ni le roman historique, ni l’histoire, mais un aimable mensonge de l’un et de l’autre, une illusion un peu matérielle, propre à flatter la fantaisie populaire. N’en faisons pas, certes, à présent que la science a tracé son sillon et précisé ses méthodes, plus de cas qu’il ne sied. Mais ne méprisons pas plus qu’il ne convient ce goût du pittoresque, du costume, des physionomies distinctes, qui est comme une introduction parlante aux yeux, une initiation par les couleurs à l’intelligence des siècles passés, et un rudiment du sens historique à la portée de la foule. Et si l’on se rappelle qu’à point nommé Scott faisait revivre une race absorbée par l’énergie britannique depuis quelque cent ans (1707), et au milieu de ces monuments, manoirs, fermes, chaumières la copiait, dessinait d’après nature et personnifiait en des types de tous âges, castes, et conditions, avec une singulière aptitude à caractériser les humbles, et une tendance à asseoir les Louis XI et les Quentin à la même table de la même auberge, on conçoit qu’il ait apporté à nos romanciers une révélation.
Sans doute il choisit volontiers les époques trou-