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Page:Parigot - Alexandre Dumas père, 1902.djvu/133

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LE ROMAN DE L’HISTOIRE.

ferme dans les profondeurs de l’histoire », comme un bourgeois de Montrouge visitant les catacombes. Il ouvre le livre de la philosophie ainsi que Dieu « ouvre le livre de la vie, aux pages blanches ». Après avoir essuyé ses considérations historiques, il convient de se réfugier dans ses Causeries, pour voir sans déplaisir à quel point la critique lui est étrangère. Historien, il élève ses gasconnades à la hauteur d’un pédantisme. Il mesure mieux ses forces, lorsqu’il se contente « d’élever l’histoire à la dignité du roman ».

Mais, à défaut de la méthode, il possède l’imagination historique. Ce n’est pas la science qu’il demande à « Froissard, Monstrelet, Chastelain, Commines, de Saulx-Tavannes, Montluc, l’Estoile, Juvénal des Ursins, Tallemant des Réaux, Saint-Simon », à côté desquels il devrait citer, pour le seul xviie siècle, les romans réalistes, Francion, le Roman bourgeois, le Roman comique, avec quelques bons peintres de mœurs comme Mme de la Fayette, le comte de Grammont, La Porte, Pontis, Courtils de Sandras, outre tous les mémorialistes et romanciers qui ouvrent des jours sur les dessous de la société. Car il les pratique tous pour s’introduire, à leur suite, dans les cercles et alcôves. Il recherche l’intimité des hommes et femmes de ces temps. Sitôt qu’il les a vus, dans leur propre milieu et dans leur privé, ils revivent en sa fantaisie. Ils lui donnent le spectacle d’une époque ; en retour, il les ressuscite parmi leur décor. Images d’Épinal, dit-on ; mais plutôt toiles de fond et portants brossés à larges traits, sans longues descriptions, et avec une exactitude