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Page:Parigot - Alexandre Dumas père, 1902.djvu/26

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ALEXANDRE DUMAS PÈRE.

le goût de la lecture l’habitude du travail. Jusque-là, Dumas ne lisait que pour l’agrément. Corneille et Racine l’avaient « prodigieusement ennuyé » : ennui ou plaisir, ses premières impressions sont toujours prodigieuses. Sous ce maître improvisé il lit Ugulo Fosco, une méchante imitation de Werther, mais qui lui donne une « intuition de la littérature romanesque ». Et comme il ne fit jamais de lecture inutile, il le traduira plus tard sous ce titre : Dernières lettres de Jacopo Ortis. Il entreprend l’étude de la langue allemande et se décourage : Schiller, à qui il est fort redevable, ne lui parviendra qu’en français. Pour Shakspeare, il en doit la première révélation à une troupe d’élèves du Conservatoire venus à Soissons pour représenter l’Hamlet de Ducis : jusqu’à cette heure, Ducis et Hamlet lui étaient pareillement étrangers. Enfin de la Ponce lui récita un jour la fameuse ballade de Bürger, Lénor, qui mit le feu aux poudres : une ballade allemande embrasa son imagination ; le théâtre allemand la devait alimenter jusqu’à la fin.

Il se met à traduire Bürger, avant d’utiliser Schiller ou Kotzebue. Mais il avait pratiqué la seule poésie de Demoustiers et de Parny ; il ne s’était encore essayé qu’aux bouts-rimés. Cette insuffisance poétique, non des images dont il s’est empli les yeux pendant sa jeunesse, non pas même de l’expression ni du rythme, mais de la syntaxe et du tour, il la déplorera sans cesse, il l’exagérera même. Pour le moment, après quelque labeur, il en a bientôt « assez ».

Le vicomte Adolphe Ribbing, dit de Leuven, futur auteur du Postillon de Lonjumeau — fils d’un gentil-