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Page:Parigot - Alexandre Dumas père, 1902.djvu/50

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ALEXANDRE DUMAS PÈRE.

le principe affaibli, mais qu’il s’agit de régénérer par l’action. Le comte de Savoisy en applique les conséquences, avec une fureur de sacrifice qui est encore l’action sous une autre forme. Et, pour belle que soit cette idée, on voit qu’elle est premièrement dramatique. Or je me rappelle une tragédie, une vraie, sur laquelle aussi « plane une idée morale », comme dit Dumas. Il ne s’agit pas de la France, mais de Rome. L’auteur, qui est un tragique, a écrit une pièce psychologique ; des événements que lui fournissait l’histoire il n’a fait paraître aucun sur la scène, n’en montrant que les contre-coups sur les courages. Trois frères luttent contre trois frères, pour la patrie, dans la coulisse. Pour l’honneur de la patrie, un frère tue sa sœur, derrière les portants. Cette œuvre de patriotisme, consacrée à la peinture des âmes, se termine par un cinquième acte d’analyses et de dissertations morales. Des dissertations d’Horace Dumas s’accommode volontiers dans Charles VII, sous réserve d’y mettre l’histoire de France au lieu du cœur humain. Mais qui ne voit la différence extrême ? Là se développe la volonté, ici l’action ; l’un cherche la vie aux sources mêmes, l’autre en anime les gestes et enflamme les sentiments ; là règne la raison, ici la fantaisie est maîtresse. C’est la tache blanche que fait le burnous arabe dans le manoir, qui éclaire le drame. La poésie de l’Orient s’oppose aux mœurs féodales de l’Occident, et l’amour de l’esclave au teint bronzé fait contraste à la jalousie de la femme pâle : Yaqoub, Bérengère, Bérengère !… À la flamme de l’imagination le drame prend feu. Tout ce que Corneille a rebuté, Dumas