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Page:Parigot - Alexandre Dumas père, 1902.djvu/52

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ALEXANDRE DUMAS PÈRE.

sertations et digressions par la variété du coloris et des impressions. Mais bientôt jaillissent, quelque effort que le bon Dumas déploie pour être sage, les situations et les mots ou jeux de scène qui les illuminent. Yaqoub abat d’un coup de poignard l’archer Raymond, qui vient de doctement exposer la situation politique :

Maintenant, prenez-le : le lion n’a plus faim.

Et voici qu’à la fin de cet acte II l’angoisse dramatique se propage avec le cri du guet : « Sentinelles, veillez ! » — en attendant le cri de guerre :

Montjoie et Saint-Denis ! Charles, à la rescousse !

Ah ! la belle, la belle scène que celle de l’acte IV, où Dumas reparaît avec son tour de main, où le roi de France, brisant ses chaînes comme le drame même, se décide enfin à agir en roi ! Tous ces personnages recouvrent la vigueur, se redressent et grandissent dans l’action. La scène est engagée sur une réminiscence de la Pucelle d’Orléans. Voulez-vous voir à plein le génie du drame : comparez Dumas et Schiller. Et puis, c’en est fait des jolis hors-d’œuvre pour la joie des yeux, et des cours d’histoire en vers pour l’édification de la foule. Le mouvement et la vérité l’emportent. Vive le brave Dunois, énergique capitaine, qui nous a dégourdi ces diseurs de vers !

Du même coup Bérengère passe, elle aussi, à l’attaque. Le comte, qu’elle aime, la sacrifie à la France ; il la répudie stérile, pour léguer à son pays des défenseurs. Ici encore, nous côtoyons la tragédie. En une situation analogue, la Pauline de