Aller au contenu

Page:Parigot - Alexandre Dumas père, 1902.djvu/67

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
55
LE DRAME HISTORIQUE ET POPULAIRE.

Théâtre-Historique. Cicéron et Salluste, Suétone et Plutarque ont été lus de près. La vie en plein air, l’existence domestique des Romains y sont agréablement reconstituées. La pièce abonde en jeux de scène qui rappellent une civilisation. Les rites et formalités, qui pèsent sur l’existence romaine, reparaissent. Obsèques, oraison funèbre, anneau testamentaire, soufflet d’affranchissement, tout y est, toutes les cérémonies terriblement quotidiennes. Il s’en faut de rien que nous assistions au viol d’une vestale, par respect de la vérité. On n’en finirait pas de relever tous les minutieux détails d’une mise en scène qui ranime le passé. Les personnages mêmes semblent se relever vivants de la poussière la plus authentique. Catilina, pâle, insensible à la fatigue et à l’insomnie, redoutable adversaire dans les écoles de gladiateurs, rude jouteur sur le Forum, c’est Buridan, l’homme du drame populaire. L’histoire a de ces complaisances. Elle en a plus qu’on ne croit. Brisé par les excès qui ont raison des plus énergiques natures, Catilina, après avoir jeté le disque de Remus dans le Tibre, crache le sang ; rappelez-vous notre Dumas à la mode de 1830 et le médecin Henri Muller d’Angèle. Cicéron trace plus tard, dans le Pro Cœlio, un portrait plus favorable à ce politicien que celui des Catilinaires. Dumas s’en empare. Sergius, si l’on en croit Salluste, a l’esprit exalté, excessif, utopiste ; il est un socialiste avide de reprendre aux sénateurs l’autorité, aux chevaliers la fortune. Cela ne nous éloigne ni de 1848 ni des rêveries humanitaires. Aussi Catilina soutient-il dans le drame une thèse socialiste contre Cicéron…