Aller au contenu

Page:Parigot - Le Drame d’Alexandre Dumas, 1899.djvu/113

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
97
INFLUENCES ALLEMANDES.

créature, ai-je dit, mais tu gèles ici ! » Et je l’ai jeté dans les flammes.

J’entends pleurer dans une maison qui brûlait, j’entre ; il y avait un pauvre petit enfant de Bohème abandonné. Je cherche autour de moi, je trouve de l’eau dans un vase ; en un tour de main je le baptise, le voilà chrétien ; c’est bon. J’allais le mettre dans un endroit où le feu ne pût l’atteindre, quand je réfléchis que, le lendemain, les parents viendraient,



J’entends pleurer dans une maison qui brûlait, j’entre ; il y avait un pauvre petit enfant de Bohème abandonné. Je cherche autour de moi, je trouve de l’eau dans un vase ; en un tour de main je le baptise, le voilà chrétien ; c’est bon. J’allais le mettre dans un endroit où le feu ne pût l’atteindre, quand je réfléchis que, le lendemain, les parents viendraient, et le baptême au diable ! Alors je le couchai proprement dans son berceau et je rejoignis les camarades ; derrière moi le toit s’abîma[1].

Et comme, parmi ce satanisme du style, la croix de ma mère (que nous retrouverons néanmoins pendante au cou de Lady Mylfort dans l’Intrigue et l’Amour)[2] est un moyen de reconnaissance un peu trop chrétien, Charles Moor porte à la main droite une cicatrice qui le fait reconnaître de son serviteur. Pareillement, Philippe et Gaultier d’Aulnay portent une croix au bras : il est vrai que c’est le gauche.

L’influence de Schiller sur Dumas ne se réduit pas à une forme d’ironie ni à des tours de langage. Walter Scott lui a fourni les tableaux et le décor ; le poète allemand l’incite aux situations désespérées. Je laisse de côté la mise en scène du premier acte d’Henri III,

  1. Les Brigands (Th., I), II, sc. iii, p. 75. Cf. la Tour de Nesle (Th., IV), V, tabl. viii, sc. v, p. 87.
  2. L’Intrigue et l’Amour (Th., I), II, sc. iii, p. 398… « Et cette croix de famille, que ma mère mourante avait mise dans mon sein, en me donnant sa dernière bénédiction ». Cf. Intrigue et Amour de Dumas (Th., X), II, tabl. iii, sc. iv}, p. 226. Cf. Milady de la Jeunesse des Mousquetaires, laquelle est marquée à l’épaule. Je ne serais pas étonné que Dumas se fût inspiré de la Milady de Schiller pour crayonner cette intrigante policière.