davantage la contrariété foncière qui sépare Charles VII, drame tragique, d’une tragédie.
Est-ce donc un drame médiocre ? Je ne dis pas cela ; mais une tragédie au-dessous du médiocre, assurément. À tout coup la formule classique y est faussée. C’est le développement hasardeux (comme dans Christine) de toutes les aubaines de l’imagination : descriptions, dissertations, parabases, morceaux de couleur ou de déclamation. Le comte fait la leçon à son roi, et lui reproche « la sueur du peuple »[1]. Il dit, il dit aussi, il dit encore ; il n’en finit pas de dire[2]. Ruy Blas n’a qu’à bien se tenir, s’il veut dire mieux et plus longuement.
Mais si, au lieu de comparer Dumas à Corneille, je m’avise de songer à la Pucelle d’Orléans de Schiller, alors son œuvre me paraît vivante, scénique, historique ; alors toutes les scènes, même les leçons d’histoire, même l’érudition de fraîche date, sont l’action même ou subordonnées à l’action. La crise est plus forte que le système. Dumas rattrape son talent. Il redevient lui-même ; il s’empare du public, et le porte à la force des bras. Il peint à larges traits le départ de la chasse ; la scène de bravoure est enlevée allègrement :
Montjoie et Saint-Denis ! Charles à la rescousse[3] !
À la fin de l’acte IV, il tend tous les ressorts de la machine.
Où vous retrouverai-je ? — Ici, ce soir. — Ce soir[4] !
Il exécute, haut la main, la presque unique scène de