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Page:Parigot - Le Drame d’Alexandre Dumas, 1899.djvu/249

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DRAMES HISTORIQUES.

tire l’intrigue de sa pièce, et prend là son point de départ. Nous aurons un viol comme entrée de jeu : il n’y a pas à faire la petite bouche. Les textes sont pour lui ; il n’invente point. Une vestale, un enterrement, apparition de Sylla , un homme masqué, attentat, meurtre : cela est délicieux, pour commencer. Au surplus, Salluste fournira la fin comme le commencement. N’indique-t-il pas, sous réserves, il est vrai, qu’à la dernière réunion des conjurés, « après avoir prononcé son discours, Catilina, voulant lier par un serment les complices de son crime, fit passer à la ronde des coupes remplies de sang humain mêlé avec du vin ; puis, lorsqu’en proférant des imprécations ils en eurent tous goûté[1]… ? » Tableau shakespearien, dénoûment terrible, puisé aux cancans de l’histoire. Qu’importent les réserves ? Nous aurons la coupe, les imprécations, Pluton, Véjovis, Mânes, sombres divinités[2], etc. Cicéron parle quelque part de la corporation des Taillandiers[3] : ils figureront ; des vétérans de Sylla : nous les verrons, en la personne de Volens : « Serrez les rangs, front[4] ! » L’orateur fait allusion aux soupers, aux veillées, aux orgies de Catilina. Nous en aurons une esquisse, et même deux. Toute cette mise en scène concourt à l’action. Le complot avorté, Catilina nous révélera que c’est la faute aux maîtresses des seigneurs[5]. Suétone conte que Jules César fit

  1. Salluste, op. cit., ch. xxii, p. 38. Il ajoute : « Nonnulli ficta et hæc et multa præterea existumabant ab bis qui Ciceronis invidiam, quæ postea orta est, leniri crcdebant atrocitate sceleris eorum qui pœnas dederant. »
  2. Catilina, V, tabl. vi, sc. viii, pp. 167 sqq.
  3. In Catdinam, I, ch. iv, p. 78.
  4. Catilina, IV, tabl. v, sc. ii, p. 111, et passim.
  5. Catilina, IV, tabl. v, sc. xxi, p. 145 : « Quand nous conspirerons, et que vos maîtresses seront du complot, avertissez-moi, seigneurs ».